Nucléaire et démocratie directe à Taïwan

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​Au sein de CCN nous nous demandons s’il faut arriver à des black-out répétitifs pour que change enfin la politique énergétique de la Suisse. 

Dans sa Lettre “Géopolitique de l’Électricité” du 24 novembre, Lionel Taccoen cite à ce propos un exemple taïwanais qui nous parlera tant du point de vue de la question énergétique que de celui de l’usage de la démocratie. Il a bien voulu que nous reprenions son article.

Les Taïwanais se prononcent par référendum pour l’énergie nucléaire (24 novembre 2018).

L’île chinoise de Taïwan forme un état séparé du régime de Pékin de 23 millions d’habitants, disposant d’une économie dynamique et moderne. Son premier partenaire commercial est la Chine;.

La nouvelle présidente , Tsai Ing-wen élue en 2017, avait dans son programme la sortie du nucléaire pour 2025 et le développement des énergies renouvelables (solaire et éolien). Le nucléaire , en 2017, avait fourni 14% de l’électricité. Un réacteur , terminé depuis 2014 n’a pas encore démarré. Au début du mois d’août 2018, trois des six réacteurs en service étaient à l’arrêt pour maintenance. Le 11 août , une délégation patronale s’est rendue chez Mme Tsai pour lui faire part de son inquiétude quant à la stabilité du réseau électrique. Elle demanda le redémarrage de certains réacteurs. A la suite de la visite, un communiqué de la présidence indiqua que tout était en ordre de marche. Il était ajouté que l’instabilité provenait d’un réseau trop centralisé , une autre raison d’investir dans les renouvelables.

Le 15 août, une panne géante affecta la partie nord de l’île et toucha, durant plusieurs heures sept millions de foyers. Entre autres,le métro de la capitale fut plongé dans le noir. On imagine les répercussions dans un pays moderne, feux de signalisation, informatique, ascenseurs etc…
Le ministre de l’économie démissionna, mais le traumatisme fut profond. Des questions se posèrent quant à l’existence d’un réseau électrique solide indispensable à l’économie et à la défense nationale.

Un mouvement pro-nucléaire puissant se forma, qui, à travers maintes embûches juridiques, obtint finalement la tenue d’un référendum d’initiative populaire afin d’interdire la sortie du nucléaire.

Celui-ci a eu lieu le 24 novembre. La sortie du nucléaire a été rejetée par 59% des électeurs contre 41% d’avis opposés. La participation et le nombre de votants pro-nucléaires sont conformes à la Constitution locale et rendent le verdict valable juridiquement.

Le gouvernement , après le vote, persiste dans son refus du nucléaire. Les élections locales avaient lieu le même jour et le parti au pouvoir a subi une lourde défaite. Naturellement d’autres sujets étaient à l’ordre du jour.

MmeTsai, à la suite des élections locales a annoncé sa démission de la direction de son parti.

Lionel Taccoen

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