Constitutionalité agricole

semeur-van-gogh-800x600.pngDeux initiatives concernant l’agriculture devront être rejetées par le peuple et les cantons le 23 septembre prochain. L’une s’intitule « souveraineté…

Deux initiatives concernant l’agriculture devront être rejetées par le peuple et les cantons le 23 septembre prochain. L’une s’intitule « souveraineté alimentaire » l’autre « aliments équitables ». Alors qu’un sondage fait avant le début de la campagne révèle une très forte majorité d’opinions favorables à ces deux textes, ou plutôt à leurs simples titres, le Conseil fédéral, le parlement et tous les partis s’y opposent, sauf les verts et une partie seulement des verts libéraux.

Très bien ! qu’ils fassent alors leur boulot de campagne et ces deux modifications de la constitution ne passeront pas. A moins que …

Car il y a un hic : si les arguments[1] de boutiquier, économiques et de politique de commerce extérieur, peuvent suffire à les faire échouer, c’est avant tout les motivations fondamentales de ces initiatives qui doivent faire l’objet d’une déguillée en flamme.

L’idée fondatrice de ces deux initiatives est qu’une production locale et bien encadrée serait de meilleure qualité et que le prix des aliments payés par les consommateurs et par le contribuable par la grâce des interventions étatiques doit couvrir des prestations idéelles décrétées comme bonnes. Tout ça a priori et sans aucune preuve.

Tous, même le Conseil fédéral, participe à ces frappements de poitrine : y’en a point comme nous, et tout ce qui est fait ailleurs présente de grands dangers, sanitaires, écologiques et d’injustices sociales. Ce qu’ils ne veulent pas voir ni savoir, c’est que de telles postures de matamore (matar a los moros) sont dominantes dans tous les pays, de l’America first à l’Acheter français. C’est un peu comme tous les automobilistes qui se croient meilleurs conducteurs que la moyenne. Partout les animaux sont maltraités, les sols dégradés, l’environnement pollué, les aliments malsains, sauf chez nous, comme de bien entendu.

Sous-jacente à ces initiatives il y a aussi l’idée que seule une agriculture qui ne produit pas fort produirait bien, qu’efficace elle ne serait pas durable, qu’elle serait une activité tellement spéciale qu’elle devrait échapper aux contraintes auxquelles sont exposés tous les autres secteurs de l’économie, qu’elle mériterait une sanctuarisation dont les paysans seraient les moines.

Le bio est meilleur, les OGM doivent disparaître ainsi que les pesticides de synthèse[2], il existe une rémunération juste qui doit être imposée dans ce secteur, notre local est meilleur que le local des autres, la bureaucratie de contrôle et de traçabilité assure des postes de travail durables, l’économie n’a pas de place dans notre assiette : idées fixes et fausses que plus personne ne critique et que beaucoup approuvent, par ignorance ou par conformisme avec l’air du temps dicté par les soviets socialo-écologistes.

Je ne vais pas ici démontrer en quoi le bio n’est que du marketing accouplé à une bureaucratie florissante, que les risques d’empoisonnement aux pesticides sont inférieurs à celui de vivre centenaire, que les OGM qui ne fonctionnent pas ne voient pas le jour, et que les Papous sont eux aussi soucieux de bien manger. Ce serait trop long et cela n’intéresse en fait personne, les préjugés suffisent.

Ah, j’oubliais : il serait préférable de voter deux fois NON le 23 septembre, même pour des raisons de boutiquier.
Pour ce qui est de la constitutionalité des pistes cyclables, je n’ai rien ni pour ni contre, bien au contraire.

Publié aussi sur MR’s Blog.

________________

[1] Contre l’initiative « souveraineté » : Renchérissement massif des denrées, affaiblissement de la compétitivité du secteur, risques concurrentiels pour le tourisme et la restauration, accroissement du tourisme d’achat, coûts de mise en œuvre, mise en danger du commerce extérieur.
Contre l’initiative « aliments équitables » : buts qualitatifs d’ores et déjà inclus dans la législation actuelle, mise en cause obligatoire et néfaste pour le reste (bien plus important) de l’économie des engagements pris envers l’OMC, l’UE et dans d’autres accords de libre-échange, systèmes de contrôle lourds et coûteux, renforcement de l’îlot de cherté suisse.

[2] Objets d’une autre initiative « Pour une Suisse libre de pesticides de synthèse » qui vient d’aboutir. J’y reviendrai en temps utile.

Facebooktwitterlinkedinmail

Schreiben Sie einen Kommentar

Bitte beachten Sie: Kommentare sind auf 2000 Zeichen begrenzt.