Certificats CO2 : la démonstration de l’absurde.

Par une presse encore capable de raconter des faits et des actes répréhensibles qui ont pour objet la soi-disant protection du climat, la NZZ de ce jour nous rapporte qu’au Libéria, une forêt d’un million d’hectares (le quart de la surface de toute la Susse) serait bientôt affermée à la société financière Blue Carbon située aux Émirats arabes unis afin d’en faire une réserve de « crédits carbone » pour soutenir le marché international de ces instruments.

Les villageois vivant de l’exploitation de cette forêt n’ont bien sûr pas été consultés et, s’ils ont été informés, ils n’y ont rien compris d’autre que leur moyen d’existence leur serait bientôt retiré. Dans un exemple, il est question d’une compensation de 1,50 dollar par hectare et année, ce qui reviendrait à un revenu de 30 US$ par année et habitant du village concerné, une pitance mesurée à l’aune du BIP du Libéria qui est de 750 US$ par habitant, l’un de plus faibles du Monde. Blue Carbon aurait déjà en vue 25 millions d’hectares (l’équivalent du Royaume-Uni) pour de tels commerces dans plusieurs pays africains. Ces accords prévoiraient que les revenus de ces certificats seraient répartis dans une proportion 30/70 entre les gouvernements locaux et Blue Carbon.

Comme d’habitude, pourrait-on dire, il y a dans de telles histoires bien des approximations et bien des abjectes magouilles que l’article de la NZZ décrit assez clairement. Mais, au-delà d’une exploitation post-coloniale des pays et des peuples concernés, le point essentiel est que, sauf reforestation définitive de surfaces qui seraient reprises à l’agriculture, aucun carbone ne peut être accumulé dans une forêt tropicale qui resterait inexploitée. Une canopée qui se referme arrive vite à un état stationnaire dans lequel autant de matière végétale est créée que dégradée naturellement. Si gain il y a, il est très marginal et ne se produit qu’une seule fois en peu d’années. La forêt tropicale n’est que le poumon d’elle-même, pas le nôtre.

De son côté, l’activité agricole génère des émissions carbonées par l’intermédiaire de la consommation d’engrais, de produits phytosanitaires et de carburant nécessaires à l’exploitation, ce qui est si minime dans les champs du Libéria qu’il conviendrait d’accorder plus d’attention à l’intensification de la production plutôt que d’empêcher sa progression. Cela éviterait des déforestations supplémentaires mais se verrait comptabilisé comme émissions supplémentaires. Quand on parle d’absurdité…

La capture et conservation du carbone par les forêts existantes n’est pas seulement de l’esbroufe, y croire conduit à des saloperies. Nul doute que des standards comptables seront établis à la prochaine réunion des boutiquiers du climat, la COP28 qui se tiendra… aux Émirats dès le 30 novembre prochain, et qui permettront le développement d’un marché conforme aux vœux d’économistes peu soucieux du cycle du carbone mais qui persistent à croire aux vertus de taxes pigouviennes. Les financiers s’en réjouissent car, qu’une transaction soit utile ou non, chacune est source d’une marge qu’ils savent s’approprier de manière très concrète. On pompe aujourd’hui du gaz et du pétrole aux Émirats, demain ce sera l’entier des richesses de l’Occident qui sera pompé par ces cheikh dénués de provisions.

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4 thoughts on “Certificats CO2 : la démonstration de l’absurde.”

  1. Die CO2-Lüge ist das eine und die Tatsache, dass in den rund 60 Jahren seit der Unabhängigkeit kaum je eine afrikanische Regierung die Interessen ihres Volkes vertreten hat, das andere.

  2. Prima Beitrag, Michel, aber den alten Pigou muss ich doch etwas in Schutz nehmen. Dieser Ablasshandel oder wie immer man diese Absurditäten auch nennen mag, hat m.E. mit seinem Vorschlag einer Internalisierungssteuer wenig bis nichts zu tun. Als Pigou-Steuer könnte man zwar die Herkunft der Mittel bezeichnen – das Absurde liegt aber hier in der Verwendung der Mittel.

    1. C’est toujours amusant de voir réagir la corporation des économistes de manière épidermique à toute critique de la proposition de Pigou d’internaliser les coûts d’externalités. La taxe carbone ou son produit dérivé appelé crédit carbone, carbon allowance ou certificat carbone, est pourtant exactement destinée à cela.
      D’une part, beaucoup d’externalités sont d’ores et déjà intégrées dans les systèmes fiscaux (recettes et dépenses étatiques, régulation environnementale, etc.).
      D’autre part, et bien plus important, personne n’est en mesure d’estimer ni la quantité ni la valeur de ce que l’on prétend taxer. Ce manque de quantification étonne de la part d’un métier qui a comme principe de savoir compter. Mais il faut reconnaître que la tâche est impossible (p.ex., estimer le coût social du carbone à l’horizon 2024 ou 2100).
      On attribue alors une valeur arbitraire, soit par le biais du prix (taxe par tonne, comme en Suisse) ou par la manipulation d’un soi-disant marché où l’offre est arbitrairement limitée par le nombre de certificats émis (comme dans l’Union européenne) alors que le prix s’établirait de soi-même par ce marché artificiel et truqué.
      C’est ce système absurde qui permet des escroqueries de l’acabit de ce qui est discuté dans l’article de la NZZ et dans ce billet de blog. On pourrait même dire que ce système est en soi une escroquerie.
      L’ignorant en économie que je suis ne comprendrait pas cette merveilleuse thèse économique qui pourtant n’a jamais été prouvée par des faits sonnants et trébuchants. Et comme j’évite d’y consacrer des centaines de pages on me rétorquera que ce n’est pas tout à fait comme je viens de l’écrire, autre manière de discréditer la critique.

      1. Die richtige Steuer – wenn sie sich denn bestimmen liesse -, also die Steuer, die die relevanten Kosten internalisiert, müsste laufend verändert werden. Weil sich die Umstände ebenfalls laufend verändern.

        Aber es gibt andere Möglichkeiten: Wir wollen ja eine bestimmte Menge CO2 erreichen. So erhöht man eben die Steuer, bis diese Menge erreicht wird.

        Es gibt andere Probleme. Aber meine Kritik an Michel zielte gar nicht auf eine Pigou-Verteidigung. Das Problem, das Michel schildert, die Absurdität, hat mit dieser Steuer wenig zu tun. Wie ich übrigens schon sagte.

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