Climat : voter le 18 juin sur un titre absurde, des buts illusoires et des moyens ruineux.

Nein zum Klimagesetz! Ein absurder Titel, illusorische Ziele und ruinöse Mittel.
Il fallait le faire ! Non seulement une nouvelle loi sur le climat est soumise au vote populaire en guise de contreprojet à l’initiative dite des glaciers, mais son titre est déjà digne de la novlangue si bien décrite par Orwell dans 1984, son livre prémonitoire. Tout ce qui le constitue résultera en son contraire.

Cette « Loi fédérale sur les objectifs en matière de protection du climat, sur l’innovation et sur le renforcement de la sécurité énergétique » fixe bien des objectifs mais sans montrer en rien comment le climat serait protégé(sic) par les mesures proposées. Ils sont aussi illusoires, car d’une ampleur irréalisable dans un délai qui tient du rêve. L’innovation n’en fait partie que pour des crédits de recherche et autres « programmes d’impulsion » à essaimer sans autre condition que le respect(sic) du climat. Quant à la sécurité de l’énergie, ce qui ne veut rien dire, il est certain que l’approvisionnement en énergie sera durablement péjoré.

M’enfin dira-t-on, ce n’est pas la sémantique mais la bonne intention qui compte. Pourtant, avec tant d’équivoques il sera facile de saisir les tribunaux pour condamner un État qui ne pourra que faillir à cette mission.

Dans la brochure explicative il est fait mention d’études qui « montrent qu’il est possible pour la Suisse, tant techniquement que financièrement, de s’approvisionner en énergie tout en respectant la neutralité climatique d’ici à 2050. » Ces études sont de complaisance et, aux yeux d’un ingénieur, de qualité contestable ; volumineuses à souhait, elles sont pourtant gravement incomplètes, biaisées et donc mensongères. Une fois de plus, cela induira les citoyens en erreur.

Pour les transports et les chauffages, l’électricité doit remplacer les fossiles. Même en tenant compte d’économies encore réalisables, c’est une tâche formidable que les seules énergies prétendues renouvelables – une autre imposture – ne pourront pas accomplir, elles la rendront même bien trop compliquée et excessivement coûteuse. Après que les centrales nucléaires existantes seront devenues obsolètes, il ne restera que la dépendance aux importations. C’est oublier que les pays voisins, tous engagés dans des simagrées similaires, ne prévoient aucune capacité excédentaire pour assouvir nos besoins. En outre, aucune technologie disponible et abordable ne permet de modifier des processus industriels clés – ciment, chimie – ni d’assurer le captage et la séquestration du CO2. Qui donc investira dans une affaire si mal embouchée ?

Le reste est truculent. La décarbonation pourra s’acheter à l’étranger, puits de carbone compris ; il suffirait donc d’investir dans quelques réacteurs nucléaires en Afrique ou en Inde pour avoir résolu le problème puisque cette alternative décarbonée est interdite dans notre pays mais pas ailleurs. Aussi, la taxation du carbone restera en vigueur pour les seules importations d’énergie, mais pas pour d’autres biens et services importés qui en contiennent indirectement. Cela incitera des industries qui sont de grosses émettrices à délocaliser leur production, comme la chimie, ce fleuron de notre balance des payements qui ne pourra que se faner. Secteur par secteur, et au pourcent près, la loi fixe la progression de la décarbonation, bien que rien ne soit connu des moyens d’y arriver ; il faudra donc des lois supplémentaires pour réviser cette loi, un état de crise permanente qui arrangera bien des cupidités pas encore dévoilées. L’Administration fédérale devrait y jouer un « rôle modèle », de sobriété et frugalité ; saura-t-elle aller à son propre contre-courant ?

Un sommet de surréalisme est atteint à l’Art. 9 concernant la finance. Il va falloir créer plusieurs chaires de droit, de psychiatrie et d’économie pour étudier ce que signifie « mesures de réduction de l’effet climatique des flux financiers nationaux et internationaux. » Ou alors tous les absolutismes pourront être imposés, heureusement bridés par notre Constitution qui, pour combien de temps encore, garantit la liberté économique et la propriété.

Même si l’évolution du climat expose la Suisse à des difficultés qu’il sera nécessaire de surmonter, cette loi ne contribuera en rien à nous en protéger ; pour sa part le climat n’a pas besoin de protection. Alors non, tout cela ne procède certainement pas d’une bonne intention, mais au mieux de négligence ou d’intérêts particuliers, et au pire de sombres intentions. Un NON s’impose !

Das ist der Text eines Originalartikels, der in Le Temps vom 21. Mai 2023 veröffentlicht wurde.

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2 thoughts on “Climat : voter le 18 juin sur un titre absurde, des buts illusoires et des moyens ruineux.”

  1. Je suis du même avis. En allemand, ça donne chez moi:

    Hat jemand den Titel des Gesetzes oder den Inhalt der 15 Artikel verstanden? Ich nicht!
    An Stelle einer Abfolge von generell abstrakten Normen oder konkreten Massnahmen finde ich bloss einen Wunschzettel.
    Es werden zwar jede Menge unerfüllbare Ziele vorgegeben (ohne darzulegen, wie man diese erreichen kann), aber durch Art. 3 Abs. 4 gleich wieder relativiert: “Die Ziele müssen technisch möglich und wirtschaftlich tragbar sein”.

    Keine der vielen wissenschaftlichen Studien (insbesondere im CC blog), die belegen, dass die Erreichung eben dieser Ziele unmöglich ist, ist bis heute falsifiziert worden.
    Daraus leite ich ab, dass auch Art. 4ff obsolet sind. Viele davon sind ohnehin eher schwammig formuliert, wie etwa Art. 9 (Bundespolizei für klimaverträgliche Finanzmittelflüsse), von dem ich nicht weiss, ob auf dieser Gundlage die Finanzierung bloss des bergmännischen Abbaus von Lithium, Kobalt, etc. oder auch des Handels mit daraus gewonnen Produkten (Batterien, Solarpenels, etc.) verboten werden müsste.

    Zum Gesetz gibt es keine Botschaft, sondern bloss eine Stellungnahme des Bundesrates zum Bericht der UREK des Nationalrates. Auch dort finden wir keinen brauchbaren Kommentar zum Gesetz.
    Auch die Lektüre des Abstimmungsbüchleins sowie der Zusatzdokumentation des UVEK und der Faktenblätter zeigt bloss knapp auf, in welche Richtung sich der Bundesrat bewegen könnte. Die dort enthaltenen Angaben sind aber leider grösstenteils unrichtig und für eine Meinungsbildung viel zu rudimentär. Erschreckend ist daran, dass sich die ganze “Strategie” auf zwei längst widerlegte Gutachten (eigentlich eher Zahlenspiele) einiger Planungsbüros abstützt.

    A mon avis, l’étude de modellisation de Prognos ne démontre rien sauf le fait qu’il n’y aura aucune pénurie en énergie aussi longtemps que la Suisse peut en importer autant qu’elle veut et quand elle le veut.

  2. Im Hinblick auf die Abstimmung muss es sich um guten und sehr wichtigen Artikel handeln.
    Eine Fasswung in deutscher Sprache wäre dringend erwünscht.
    Vielen Dank

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