La supercherie du jour du dépassement

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Si ce jour existait au-delà duquel les ressources consommées dépassent la capacité de la nature à nous les fournir, et s’il se situait bien avant le 31 décembre, alors le monde entier devrait se trouver en guerre. Ce jour serait celui où vainqueurs et vaincus se distingueraient car, pour être en mesure de fêter la Saint-Sylvestre, il faudrait avoir piqué les ressources manquantes à d’autres, donc en faire des damnés de la terre. Or, de toute évidence cela ne se passe pas du tout ainsi.

Les comptables de l’apocalypse tiennent des livres dans lesquels ils calculent le « dépassement écologique » (ecological overshoot) en soustrayant la consommation humaine de la capacité régénérative de la nature. Le dépassement est atteint dès lors que le résultat devient négatif.

Bien qu’extrêmement simplistes, ces calculs sont très compliqués, surtout qu’il faut les moduler selon les nations, les classes sociales, les préférences de genres ou autres critères essentiels. Ils ne m’intéressent d’ailleurs que peu car ce ne sont pas seulement les méthodes de calcul qui sont mal fichues, c’est le concept même qui ne sert à rien sauf exacerber un sentiment d’anxiété générale et de fausse urgence. Mais, depuis le temps où mes résultats scolaires laissaient à désirer, j’ai appris à mes dépens que les gens préfèrent se disputailler sur les modalités que se poser les questions de fond.

La seule manière de ne pas dépasser la capacité de la nature à compenser nos excès de consommation consisterait à ne vivre que de manière strictement organique, sans rien prélever qui ne soit vivant, donc reproductible. Les animaux vivent ainsi, ils font partie d’une vaste chaîne alimentaire où le microorganisme putréfiant est l’ultime prédateur. Dès la première pelletée extrayant une ressource minière (cela commence avec une carrière de pierre) un dépassement est constaté, car on ne la remettra plus jamais à sa même place.Il faudrait donc revenir au mode de vie du chasseur-cueilleur, ce qui implique que la population mondiale se réduise à quelques centaines de millions d’individus.

On peut aussi s’accommoder de systèmes compensatoires. Je brûle du charbon de bois pour faire de l’acier et tu peux utiliser la faucille qui a été ainsi produite pour récolter le blé qui nous nourrira, toi, moi, et aussi le forestier qui replante des arbres qui fourniront un jour le bois servant à fabriquer l’acier d’autres outils. Cela peut rester ainsi circulaire, mais seulement au rythme de la croissance de la biomasse.

L’intelligence humaine est plus animée que les végétaux pratiquant la photosynthèse. C’est pourquoi elle prélève d’autres ressources naturelles qui lui permettent de ne pas se morfondre bêtement dans des cavernes. C’est ainsi qu’elle a pu passer de la préhistoire à l’histoire, puis d’en arriver à la civilisation plus ou moins moderne ou postmoderne d’aujourd’hui.

Cette intelligence n’a pas de limites connues, sauf bien sûr chez les couillons de l’écologisme punitif. Le jour où les ressources fossiles seront épuisées (et ce n’est pas demain la veille), d’autre formes de récolte et de transformation d’énergie les auront remplacées. Même choses pour les autres ressources exploitables.

Pour l’agriculture, tant qu’on ne tombe pas dans la folie de l’inefficacité (le bio), les surfaces disponibles et les méthodes agronomiques suffisent pour nourrir tout le monde et le permettront encore dans un futur dont on pense qu’il pourrait concerner une population stationnaire de 9 à 12 milliards de personnes (on en est à 7,5).

Certes, la capacité de la nature à tolérer les gaz à effet de serre n’est pas infinie sans que des impacts sur la faune et la flore ne se ressentent. Mais on en est très loin car même si l’on brûlait trois fois les réserves fossiles on n’arriverait qu’à 900-1000 ppm dans l’atmosphère, taux qui n’est pas rare ni toxique dans bien des salles de réunion, y compris celles où des discussions oiseuses sur l’empreinte carbone sont menées. Le climat global pourra être un peu plus chaud que si on ne les brûlait pas ; cela ne dérangera en fait que les mêmes humains qui jouissent des fruits de leur intelligence et les incitera à trouver des solutions encore plus artificielles qui permettent de s’en accommoder, comme par exemple de construire les villes à la campagne ou d’équiper les maisons de climatiseurs efficaces.

La supercherie est dans le concept qui attribue à priori un rôle négatif à notre espèce, simplement parce qu’elle existe, qu’elle en est consciente et qu’elle agit. Cela laisse croire que notre destin, voire même notre raison d’être, serait déterminé et contraint par cette empreinte écologique(sic).

Ni durable, ni renouvelable : simplement vivant.
Nous ne savons pas pourquoi nous venons sur terre, mais nous savons que notre vie est éphémère, qu’il y a bien mieux à en faire qu’une comptabilité carbone, et, que l’on s’amuse ou se tracasse, que nous y laissons une empreinte plus ou moins indélébile.

Les écolocrates, leurs compagnons de route et leurs loyaux idiots utiles n’offrent rien d’autre qu’une neurasthénie culpabilisante ; ils réclament un autre mode de vie pour la société humaine, mais en fait, ils prêchent l’absence de vie.

Billet publià sur le blog de l’auteur: https://blog.mr-int.ch/?p=5445

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